
Le 2 novembre 1792, le général Dumouriez autorise le citoyen Nestor Mériaux à lever, dans le département du Nord, un corps de cavaliers volontaires sous la dénomination de hussards noirs ou francs du Nord.
Organisé à l'effectif d'une compagnie, ce corps est formé le 2 février 1793.
Un décret de la Convention nationale du 4 février, confirme cette autorisation et décide que les hussards francs du Nord feront partie des troupes légères de la République.
Un deuxième décret du 13 mars fixe les droits à la solde des hussards noirs les reconnaissant ainsi comme faisant partie de l'armée nationale.
Peu de corps furent aussi mal composés. Les sous-officiers étaient, presque tous, des déserteurs incapables de produire des états de service et Mériaux trafiquait, sans scrupules, des emplois d'officiers. Il fut destitué dans le courant de l'année 1793.
Par décret du 4 juin 1793, les hussards francs du Nord deviennent 10e régiment de hussards.
Passé en revue à Cambrai, le 30 août suivant, le régiment compte 52 officiers, 701 hommes dont 580 présente et 420 chevaux.
Il participera à toutes les campagnes de la République et de l'Empire et sera licencié à Fontenay (Vendée), le 1er août 1814.
Beaucoup d'auteurs, et non des moindres, ont donné à ce corps la dénomination de hussards francs du Nord ou de Jemmapes. C'est là une erreur qui a été commise pour la première fois, semble-t-il, par Adrien Pascal dans son ouvrage « Histoire de l'armée et de tous les régiments » (Paris, 1847-1850). Il mentionne, en effet, pour le 10e hussards : « Crée le 2 février 1793 sous le non de Jemmapes, de hussards noirs ou de hussards francs du Nord. »
La même erreur se retrouve dans de nombreuses publications récentes qui ne font que reproduire, sans aucune vérification, les textes erronés d'ouvrages anciens.
Les hussards de Jemmapes, formée le 2 juin 1793, furent incorporés dans le 8e régiment de hussards le 9 floréal an II (28 avril 1794).
Les deux personnages représentés ici sont extraits de la même suite que celle citée dans la notice de la planche 1, « Corps francs de la République ».
Les dolmans et les pelisses comportent cinq rangs de boutons ainsi que le spécifie le décret du 28 juillet 1792 portant la description de l'uniforme.
Tresses et galons. argent pour les officiers ; blancs pour la troupe. On remarquera le bonnet du brigadier dont la base de la flamme est cousue sur le devant de la coiffure. La couleur distinctive est le cramoisi.
Pour la troupe, schabraque en peau de mouton noire. Pourtour garni d'un feston de la couleur distinctive.
L'uniforme noir ne disparut pas avec la transformation du corps en 10e régiment de hussards comme le confirme une lettre de Saint-Just, envoyé en mission à l'armée du Nord pour prendre connaissance de l'état de l'armée. Cette lettre est adressée au Comité de salut publie en date du 12 pluviôse an II (31 janvier 1794). Le jeune conventionnel qui vient de se distinguer brillamment aux armées du Rhin et de la Moselle, y écrit notamment : « J'ai rencontré des éléments du 10e hussards... cette troupe est dans le plus grand dénuement... son indiscipline est sans exemple... sa tenue noire passable... »
Nous pouvons en conclure que les hommes conserveront cet uniforme jusque dans le courant de l'année 1795 comme d'autres lettres et rapports semblent le confirmer.
C'est pourquoi nous avons voulu représenter ici les premiers modèles de sabretaches du corps, marquées du chiffre 10.
Celle du haut est la plus ancienne. C'est aussi le seul exemplaire connu. Elle date à notre avis, de la création du corps. Seul le plateau, en mauvais état, subsiste mais on peut, tout de même, distinguer des détails intéressants.
Le fond est écarlate. Au centre figure le faisceau de licteur surmonté du bonnet de la liberté et entouré de feuilles de chêne. Le galon du tour est blanc. Dans ce galon, en haut, est brodé en noir l'inscription « HUSSARDS DU NORD » et, en bas, de même couleur « RÉPUBLIQUE FRANÇAISE ».
De l'ancienne et remarquable collection Vaissier elle serait aujourd'hui, la propriété d'un collectionneur de la Nouvelle-Orléans.
Au centre, sabretache d'officier recouverte en drap cramoisi. En bas modèle de troupe. Ces deux derniers peuvent être datés vers 1793-1794.
En haut, mousqueton du modèle 1786 et, à gauche, sabres de hussards et bonnet des hussards francs du Nord.