
Un grand nombre de familles tartares, de confession musulmane, s'étaient établis au Moyen-âge en Lituanie et en Russie Blanche, où leurs descendants jouissaient de nombreux privilèges et étaient considérés comme nobles.
Le 16 juin 1812, le général Sokolnicki proposa à l'Empereur la levée d'une formation de Tartares lithuaniens et, dès le début de juillet, les représentants de la nation tartare demandèrent l'autorisation de former un régiment de cavalerie légère. L'Empereur accueillit favorablement cette proposition et créa, par décret du 24 août, un corps de Tartares lithuaniens.
Le général Hogendorp, gouverneur de la Lituanie, fut chargé de l'organisation de ce corps.
De nombreuses proclamations furent lancées à la nation tartare mais, déjà, la Grande Armée vaincue refluait vers Wilna où devait se former le régiment. Seul un escadron put être organisé. Il était commandé par Mustapha Mursa Achmatowicz qui avait financé et équipé le corps à ses frais.
Dans les premiers jours de décembre, l'escadron participa à la défense de Wilna et se mesura très souvent avec les Cosaques. Au cours de la retraite, il perdit 10 officiers, dont le chef d’escadron Achmatowicz, et 89 sous-officiers et cavaliers.
Au début de 1813, ses débris furent réunis, à Posen, au 3e régiment de chevau-légers de la Garde dont ils formèrent la 15e compagnie sous les ordres du capitaine Ulan. Les survivants combattront encore à Kalisch le 13 février 1813. Le 11 avril, à Friedberg, ils seront placés à la suite du 1er régiment de Chevau-légers lanciers en même temps que les débris du 3e chevau-légers y seront incorporés.
La compagnie de Tartares fut, peu à peu, complétée par des éléments nouveaux ainsi que par des hommes restés en arrière, égarés où prisonniers qui regagnaient leur unité.
Les Tartares participeront avec honneur aux campagnes de 1813 et 1814. Ils participeront aux batailles et combats de Lützen, Bautzen, Reichenbach, Dresden, Peterswald, Löwenberg, Weissenfels, Altenburg, Leipzig, Eisenbach, Hanau, Brienne, La Rothière, Champaubert, Montmirail, Craonne, Vauchamps, Vieux-maisons...
Après la première abdication de 1'Empereur, la compagnie sera réunie à Saint-Denis aux autres troupes polonaises. Toutes seront licenciées la 1er mai 1814. Sur les 68 officiers, sous-officiers et cavaliers qui avaient été au 1er régiment de chevau-légers depuis le 11 avril 1813, 49 regagnèrent leur patrie.
La tenue, on ne peut parler d'uniforme, des Tartares lithuaniens fut très disparate, tant dans la coupe que dans les couleurs. Elle variait selon les tribus et c'est pourquoi nous trouvons tant de diversité parmi les documents iconographiques parvenus jusqu'à nous. Quelques-uns existent en Pologne dans des collections privées. Si la tenue est toujours différente, la flamme du colback reste verte.
L'album de Rupniewski, qui est une source des plus sérieuses, indique un « uniforme » vert et cramoisi avec agréments jaunes. Celui-ci se retrouve très souvent avec de simples différences de détails, notamment dans le manuscrit dit « Marckolsheim ».
Un modèle d'uniforme fut dessiné à Paris mais n'est probablement resté qu'à l'état de projet compte-tenu que les services de l’administration de la guerre avaient d'autres préoccupations à cette époque, que de choisir parmi les projets d’uniformes proposés. Par ailleurs, il est plus que probable que les officiers d'habillement et tailleurs du dépôt de Chantilly du 1er régiment de chevau-légers de la Garde, n’avaient pas le temps de leur côté de créer une nouvelle tenue pour une poignée d'hommes sans cesse au combat.
Nous avons représenté sur cette planche, un trompette major d’après un document de l'époque conservé dans une collection polonaise. Le cavalier et l'officier sont extraits du Manuscrit de Marckolsheim.